Activité 1 : la ligue du LOL - Question 2

2. Si ces harcèlements étaient « publics », pourquoi ne refont-ils surface que maintenant ?

Les membres de la Ligue du LOL aimaient se présenter comme un club de personnalités sortant du lot. « Cet endroit réunissait parmi les plus grands talents de Twitter de l'époque », plastronne ainsi, auprès de Libération, le podcaster Henry Michel.

Le créateur du groupe,« Vincent Glad », théorisait d'ailleurs dès 2009 sur Slate.fr la « hiérarchie sociale » s'établissant sur Twitter : plus vous êtes suivis, plus vous êtes considérés comme influent, et « au-delà de 500 followers, vous pénétrez dans l'aristocratie du réseau ». Une position qui a de quoi intimider, raconte aujourd'hui la journaliste Léa Lejeune sur Slate.fr :

« Pourquoi n'avons-nous pas parlé pendant toutes ces années ? Parce que ces gens-là avaient des postes importants, étaient amis avec des rédacteurs en chef influents ou des personnes à des postes de direction à “Slate”, à “Libération”, aux “Inrocks”, dans la presse people ou magazine – ceux qui sont cités parmi les membres de la Ligue du LOL. Précaires, nous avions peur de perdre des opportunités de travailler. »

Autre difficulté : le caractère insidieux de certains types de harcèlement. Il ne s'agit pas toujours d'injures ou de menaces frontales : piques insistantes, messages ironiques envoyés à intervalles réguliers, signes a priori anodins... dont la conjonction crée une grammaire propre aux harceleurs et à leurs victimes, que ces derniers sont parfois les seuls à comprendre.

C'est ce que décrit sur Twitter le journaliste de Slate.fr Thomas Messias, témoignant que des phrases anodines de ses articles ont régulièrement fait l'objet de railleries de la part d'Alexandre Hervaud, journaliste à Libération. Ces messages étaient publics et n'avaient rien de répréhensible, pris isolément. Mais, remis en contexte, ils peuvent s'apparenter à du harcèlement. C'était, résume M. Messias, « un minuscule caillou à l'édifice construit pendant des années ».

Autre exemple : une série de messages adressés sur Twitter par Vincent Glad à Capucine Piot, une journaliste et blogueuse beauté, compilés par Numerama. Là encore, aucun de ces tweets n'est outrancier. Mais l'ensemble, publié sur une période de dix-huit mois, prend une autre dimension. A cause du « travail de démolition parfois quotidien de la Ligue du LOL, je suis devenue la cible de plus d'attaques d'inconnus, l'enfer commençait », écrit Capucine Piot.

On trouve la trace de messages qui ont mentionné la Ligue du LOL sur Twitter dès 2010, la plupart venant de membres du club ou de leurs victimes. Certaines victimes y ont refait allusion sur le réseau social le 5 février après des propos dans la presse de Vincent Glad sur le mouvement des « gilets jaunes », jugé donneur de leçons. Dans la foulée, la publication d'un premier article par Libération le 8 février a crevé l'abcès et entraîné une salve de témoignages.

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Travail à faire :

Trois équipes indépendantes de de 2 élèves réparties dans la salle, résument par écrit ce texte en répondant à la question du titre (durée : 5 min).

Rendre les 3 résumés (avec les deux noms) à votre professeur.

Synthèse orale des réponses données par le professeur.